Quand on arrive à La Brède, on remarque de loin l’église dont le clocher domine le bourg.
Elle paraît être de pur style roman et pourtant elle est relativement récente puisqu’elle a été reconstruite de 1854 à 1864. La façade est tout ce qui reste de l’église d’origine.
La paroisse porte le nom de Saint Jean d’Etampes, déformation de Saint Jean des Templiers, mais à l’origine elle était dédiée à Saint Jean Baptiste. Les templiers en eurent la garde, elle devint alors Saint Jean des Templiers, puis Saint Jean d’Etampes (Les templiers avaient une maison à La Brède qui était une étape sur les chemins de Saint Jacques).
Ce sont les sœurs de la Charité qui ont succédé aux templiers. Leur maison était au sud du bourg. Actuellement seul le portail rappelle ce passé.
A l’origine l’église ne devait avoir qu’une seule nef, comme beaucoup d’églises du 11e siècle en Gironde, qui correspondait à la partie centrale de la façade actuelle.
Elle a été construite aux 11e et 12e siècles dans le style roman saintongeais qui est beaucoup plus ouvragé que le roman classique.
Cette façade est remarquable avec ses colonnettes, chapiteaux et modillons étagés sur 3 niveaux. Elle n’a été modifiée qu’au 19e siècle quand on a supprimé un oculus au 2e niveau au moment de l’installation de l’orgue.
Les bas-côtés n’ont été rajoutés qu’après, celui du côté sud ne date que de 1745. La voûte de la nef centrale était en bois, elle a été reconstruite en briques en 1779.
A l’origine le clocher n’était qu’une tour carrée très basse. Au 16e siècle un incendie vint compromettre sa solidité. Probablement une conséquence des guerres de religion. Il fut reconstruit au 17e siècle en élevant la tour d’un étage, ce qui devait ultérieurement compromettre sa solidité car ce vieux clocher s’est écroulé le 29 novembre 1854 à 11 heures 30 du soir, vers le nord-est, endommageant le mur latéral nord de l’abside et une partie de la voûte.
Les dommages étant très importants, il a été décidé de reconstruire l’église. La construction nouvelle fut entreprise par un Brédois : Robert Seguin, d’après les plans et sous la surveillance de Gustave Alaux, architecte. Le nouveau clocher ne couronnera l’édifice qu’en 1864. Ce nouvel édifice de style néo-roman possède un chœur qui a été agrandi, et deux absidioles latérales. Le clocher polygonal sur une base carrée supporte le tétramorphe symbole des 4 évangélistes.
Certains trouvent que ce clocher est disproportionné par rapport à l’édifice et regrettent l’ancien clocher carré. Mais dans la 2e partie du 19e siècle, sous l’influence du cardinal Donnet, beaucoup d’églises en Gironde se sont dotées de telles constructions en pierre. De l’ancienne église, le maître autel en bois doré du 17e siècle a été déplacé dans la chapelle du château de La Brède et plusieurs chapiteaux ont été recueillis par le Musée des Antiques de Bordeaux.
Les 3 cloches ont échappé à la catastrophe de 1854. La plus ancienne date de 1777. Elle pèse 520 kg pour 96,5 cm de diamètre. Son parrain était le fils de Montesquieu. La plus grosse, un bourdon de 1400 à 1500 kg pour 1,30 m de diamètre, est l’œuvre du fondeur Vouthierde Saint Emilion. Don du Baron de Montesquieu, elle a été baptisée le 21 septembre 1903.Les vitraux de Dagrand pour le transept et de Violet et Furt pour le reste ont été réalisés entre 1894 et 1898.
On ne voit plus autour de l’église le petit cimetière fermé de murs qui étaient alignés sur la façade de l’église. Il a été abandonné en 1876 et les tombes déplacées en 1885. Quelques pierres tombales autour de l’église perpétuent le souvenir de ce vieux cimetière.
A l’intérieur de l’église, que peut-on remarquer de particulier ?
Dans le chœur, 4 statues de terre cuite dont St Pierre et St Charles offertes par le Baron de Montesquieu, maire de la commune.
A la croix du transept, de très beaux chapiteaux dont l’un représente Samson maîtrisant un lion qui est une copie du chapiteau d’origine.
Aux deux chapelles latérales, 4 petits chapiteaux représentant des oiseaux tenant des grappes de raisin dans leur bec.
Plusieurs culs de lampe à la base des croisées d’ogive des voûtes dont certains visages féminins de toute beauté.
Les clés de voûte en particulier celle du bas-côté nord portant les noms de l’architecte Alaux et de l’entrepreneur Seguin avec des outils, symboles de leur profession.
Sur le bas-côté nord, une crucifixion estimée 17e ou 18e siècle qui a été classée à la suite de la rénovation de 2022.
Dans le chœur une frise en billettes rappelle que La Brède était une étape sur les chemins de St Jacques.
Derrière le maître-autel une simple dalle de ciment gravée recouvre la sépulture de plusieurs ancêtres de Montesquieu dont son père. Au mur, les armoiries des familles Montesquieu et de Lalande, parents de Montesquieu.
Sur le bas-côté sud, une pierre gravée rappelle que l’abbé Dezieux, curé de La Brède lors de la reconstruction de l’église, y fut probablement inhumé. Ses restes furent transférés ultérieurement au caveau des curés dans le nouveau cimetière.
Enfin, dans la sacristie, un ensemble de meubles offerts par la famille Montesquieu, dont des plateaux pivotants pour étaler les chasubles et autres vêtements sacerdotaux.